Pire to pire: Nobel pour être vrai
Dans mes
libelles toujours impeccablement mesurées contre les impostures et
falsifications des dessus de panier, contre un monde où la marchandise se contemple elle-même dans une société qu'elle a créé (Debord,
et je vous emmerde), j'ai une prédilection particulière pour les
travers de la célébration et de la reconnaissance. Pour ces élections
crétines ou un aréopage de crétins décide de récompenser tel meilleur
joueur de pied-ballon, tel collectionneur de pin's des années 90, tel
chroniqueur d'une république (sic) noire dont personne
n'a jamais entendu parler, ou tel autre chanteur au look de pédé et à
la voix déraillée. La liste est définitivement longue. Et ennuyeuse.
Parmi ces mascarades, il en est une. Le Nobel.
Ce truc de gentilhommes bien élevés dans la tradition et la tromperie,
bien blondés alcoolos et suicidaires, et bien sûrs d'eux-mêmes. Et
parmi les Nobel, le pire-que-le-nobel, le faux Nobel, celui d'économie.
Faux
parce que réellement ça n'en est pas un. Décidée à profiter de
l'ignorance et de l'apparat sophistiqué d'une institution jamais
discutée par le badaud, c'est la Banque de Suède, Sveriges Riksbank,
qui en 1968 a institué le Prix de la Banque de Suède en Sciences
économiques en mémoire d'Alfred Nobel. Que l'incompétence des
journalistes (pardonnez le pléonasme forcé) a vite adopté en Prix
Nobel, ravageant un peu plus le niveau de compréhension existant des
lecteurs de journaux et des mateurs de 20 heures.
Pire ensuite, car plus que les autres les
orientations idéologiques de ce prix ne se discutent plus. En décernant
l'immense majorité de ces lauriers aux soudards de l'école de Chicago,
les juges ne cachent pas leurs sympathies pour les thèses les plus
extrêmes du libéralisme. Sans se soucier jamais du bien-fondé de leur
perspective. S'en foutent.
La cuvée de cette année ne déçoit pas. Thomas Schelling et Robert Aumann. Primés pour leur contribution à la faussement ludique théorie des jeux.
Thomas Schelling: Théoricien de l’escalade militaire lors de la
guerre du Vietnam. Il justifie la non-ratification du
protocole de Kyoto et l’abandon des objectifs de l’ONU pour le
millénaire.
Robert Aumann: Esotériste talmudique. Il a théorisé le principe de la
« coopération forcée » par « crainte de la sanction » au traitement
infligé aux Palestiniens. Il milite au sein
d’une organisation extrémiste, Professors for a Strong Israël, qu’il a
contribué à créer pour saboter les accords d’Oslo. Partisan du Grand
Israël, sur une base juive raciale, il est opposé à la création d’un
État palestinien et il fait aujourd’hui campagne contre Ariel Sharon et
pour l’annexion de Gaza.
Ces informations n'ont rien de confidentiel, elles sont à la portée de tous. De tous, sauf des journalistes.
Ici, les gueules des malfrats. Et j'ai même pas triché.