Pour 41 millions d'Euros t'as plus rien
Pour environ le prix d'une révolution ratée, une triplette
d'attaquants s'est adjugée hier le premier club de football de la
capitale. Ses chèvres, ses installations merdiques, ses supporters
cacophoniques et ses atermoiements chroniques subis avec résignation
chaque dimanche à première vue des unes des journaux du matin.
Pour à-peine le prix d'un bon joueur donc, une alliance de choc s'est
emparée du club symbole des errances et du très mauvais goût d'une
génération que j'enverrais bien par le fond un jour, si j'en avais la
possibilité.
Celle des Patrick Bruel, des Sarkozy, des Enrico Macias et autres. Sic.
Pour 41 millions d'Euros, Colony Capital (Américain comme son nom
l'indique très honnêtement), Morgan Stanley (américain aussi) et Walter
Butler (Tiens, l'ami très proche de Villepin? Le mec qui a racheté la
SNCM? Oui) vont faire rentrer le PSG dans une nouvelle ère.
Le pognon et la finance vont succéder au star-system et au show-business dans une autre variante de pignole.
Après la mousse miracle de Canal, les ventes de maillots et les
intérêts calculés à la virgule, révisés à chaque dribble raté par les émirs de la calculette.
Ah, les mines étaient superbes et confiantes hier dans ce sofitel du 16ème. Les ambitions affichées: "gagner, gagner, gagner".
Alors ça sera sans moi les gars. Ciao et bonne route. Je ne doute
pas que vous allez convaincre beaucoup de monde avec votre grammaire de
gagnants (sarko-macias-bruel vont pas tarder à vous saluer), mais je ne
viendrai plus au Parc.
Je n'amènerai pas mon fils excité sur mes épaules et je ne lui achéterai pas un maillot, pas même une écharpe.
C'est peut-être pour moi et pour quelques naifs le moment de mesure des distances parcourues.
Ressortir les cassettes et se souvenir. Dahleb, Susic…Les gestes
répétés chaque été au bord de la plage…Les soirs de victoire et ceux
pas moins beaux de défaite: l'espoir.
C'était hier. Juste hier.