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Le dernier Tango à Paris
28 octobre 2006

Vous me déposerez au feu

C'est comme si tout s'était passé là haut dans les années, depuis les départs vaporeux jusqu'aux escales abîmées dans les ports angoissés; notre discussion de ce soir avait roulé sur les surfaces faciles de nos compréhensions et de nos rêves enfuis, pour ne pas dire disparus. Elle avait toujours ces expressions "Cette phrase que tu m'avais dite et que j'ai gravée dans ma mémoire à jamais parce que c'est tout toi mais aussi tout moi", "T'es con!", "Ah oui mais maintenant je suis vieille" avec la même insouciance naturelle qui avait toujours forcé mes plus dures volontés pour ne pas l'aimer.
Et maintenant je ne l'aime plus. Je ne pense plus à elle. Il n'y a plus de mots remontés de la nuit et remis à demain, brûlants de sortir. Fini.
En sortant du taxi qui avait suivi les quais jusqu'aux Invalides, elle m'avait déposé un baiser sur les lèvres, puisque nous nous sommes jamais dit au revoir autrement.
Le chauffeur a souri et sitôt qu'elle fut dehors, fut pris d'une belle audace et me complimenta sur la beauté de mon amie.
J'allais rétorquer que ce n'était pas mon amie dans le sens où il l'entendait, et puis j'ai laissé tomber sans pouvoir retenir pour autant un soupir bref mais éloquent.
Et il a continué.
M'a parlé de femmes, d'amour, de la société dans laquelle on vit, sans que je comprenne tout.
- Et vous savez monsieur, un client hier me comparait l'amour à la neige sur Paris. Il disait que c'était tout beau tout blanc quand ça tombait mais qu'ensuite ca devenait très vite moche passés les premiers temps, que ça ne ressemblait plus qu'à un tas de boue marron. Eh bien! Eh bien monsieur, je ne suis pas d'accord! C'est pas comme ça que je vois les choses moi!
Je lui ai alors demandé de me déposer au feu et puis j'ai continué mon chemin à pieds.
En ces affaires, je n'ai jamais été d'accord avec personne.

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