Sur le canal Saint-Martin
La musique des tentes est blanche. Comme une voûte de plus en plus basse et périlleuse. On les rencontre peu, ils sont rares, peu visibles, et pourtant ils sont plus de 200. Plus de 200 bonhommes à habiter ces morceaux de toile tendue allongés sur les quais d'une Seine plate et fatiguée.
Un noir me demande une clope. Gentiment et les yeux explosés il prononce un prénom que je ne saisis pas et il rajoute Burkina, que je comprends mieux. Je lui en donne une. Je l'allume et il tire dessus. Puis je lui en tends une autre. Il sourit. C'est noel, dit-il.
A ce moment-même en voyant passer une jeune fille, il se se dit que ce noel est peut-être exceptionnel: il lui demande une nouvelle tige, l'air de rien. Elle accélère le pas et lui flanque une réalité économique à la figure, en lui disant entre les dents: t'en as déjà une. A lui.
Méchanceté. Connerie crasse. Egoisme, tout simplement.
L'Etat lui, ne bouge pas. La ministre déléguée à l'exclusion - sisi elle existe et c'est la même en poste depuis quelques années- dénonce une campagne publicitaire et de la poudre aux yeux. Le ministre de l'Intérieur regarde ailleurs mais discourt toujours alors que la ministre des Armées oublie qu'elle a des casernes toutes grandes et toutes vides aux portes de Paris.
A la maison, j'écoute chanter Prisoner of love. Je me dis que les prisonniers de la haine sont toujours dehors et que James Brown s'est barré.
Il est pas terrible ce 24 décembre.