Match point - The ball si out
Le cinéma d'aujourd'hui me casse les couilles.
Une fois par an, généralement par temps maussade et à l'issue d'une marche de réflexion et de bonne fatigue, je prends mon courage à pleines mains et je pousse la porte d'un cinéma. Pas certes pour une séance du soir, propre à attirer toute la lie d'une société disciplinée et bien crasse,mais celle du midi. Personne ou presque, alors. De la réclame en portion moindre. Pas de mastications de pop-corn. Pas de files d'attente où l'on a l'air un chinois égaré. Non. La séance de midi avec l'allure d'une projection privée à 6 Euros.
Cette fois-ci j'ai jeté mon dévolu, simple hasard et vraiment
j'assure aux esprits chafouins et soupçonneux qu'il n'y a vraiment rien
à creuser là-dessous, sur Match Point. Malgré que ce soit Woody, tout le temps pareil.
Et en dépit de Scarlett Johansson. Etc.
J'entre donc et je découvre une production de la BBC qui change un peu des sempiternels mélos new-yorkais. En apparence. Car malgré l'excellent jeu d'acteurs et les érections répétées causées par la Scarlett que j'aurais bien déchirée dans une résidence secondaire du Surrey, je retombe vite sur des insatisfactions que je mets sur le compte d'une marchandisation excessive de ce qui aurait dû censé être une production artistique, ou du moins lui ressembler le plus possible. De l'art. C'est à dire la création d'une nouvelle logique et non pas la répétition Ad nauseam de mécanismes se voulant capteurs de l'attention et de la crédulité programmée du spectateur.
Et c'est là que je comprends pourquoi un énième film sur l' infidélité. Pour pouvoir d'abord capter facilement le voyeurisme toujours vendeur et pouvoir ensuite se démarquer apparemment d'une intrigue et d'un dénouement toujours classiques. Pour pouvoir apparemment délivrer une issue sans morale. Sauf que là l'absence de morale apparente ressemble trop à l'adaptation d'une morale bien présente, la supériorité in fine du pognon et de l'avoir, sur l'amour et l'être. Notre mini-héros balzacien ressemble bien trop à notre voisin de bureau et à sa morale, celle du médiocre et de l'insignifiant placé là par le jeu des circonstances accablantes.
Dévoyer ainsi le thème de l'infidélité, ultime liberté non taxée de notre temps ça me fait hurler.
Et le dévoyer de quelle manière!
C'est
filmé à la tiédasse; c'est à dire que ça ressemble à 90% de la
production actuelle, que ça se range dans la comédie dite légère ou de
moeurs. Sauf que n'est pas Lubitsch qui veut.
Sauf qu'ici à force
d'appuyer lourdement, bien lourdement, sur la dimension fantsmée
dostoievskienne du personnage- n'hésitant pas d'ailleurs à recourir à
quelques ficelles de l'Actor's Studio dans lesquelles j'ai failli
étouffer de rire- tout en voulant rester toujours léger en toutes
circonstances, eh ben ça ressemble à une boule de vanille dans un
potage lyonnais. C'est à dire à rien.
En résumé:
- Plus de plans serrés sur les lèvres naturelles ou pas de la Scarlett
- Plus de scènes violentes de cul comme en voyait chez Walsh ou Peckinpah. Ah les 70's.
- Moins de sentimentalisme pour lecteurs de bibliothèque verte
-
Moins d'airs d'opéra cucul et bon marché. Quitte à subir de la musique
autant que vous nous fassiez découvrir des airs qu'on ne connaît pas.
On est pas tous intellectuels new-yorkais hein.
- Laisser tomber Raskonlikov et Co, le vernis y tient pas vraiment.
- Arrêter de montrer des marques de whisky, d'ordi, de fringues, de caisses, à tout bout de champ
- Remplacer ce pédé de Jonathan Rhys-Meyers par un acteur plus couillu, du genre je sais pas moi, Lino Ventura
-
Revenir à la réalité personnelle. Tirer son art de sa rage. Un truc que
je comprends pas Woody, au lieu de faire des films décousus et sans âme
sur l'infidélité, sujet sur lequel tu n'as aucune crédibilité je te
l'assure, pourquoi tu ne nous préparerais pas un film sur la pédophilie
dans le milieu du cinéma new-yorkais?
-...
Voilà. Vous me devez une place de ciné. Séance de midi.