D'Oslo à Paris
Hiver 1999. A quelques jours d'un réveillon attendu
par le monde entier et qui à moi me casse plus les couilles qu'autre
chose. Norvège. Live. Froydis, aussi.
Arcanes notoires des sylphides scandinaves pleines de grâce. Connes
et froides comme des balais aussi, souvent. Mais Live pas du tout. Tout
le contraire. Allant et acrobaties. Joies et vertiges. Brune
d'ailleurs, celle-ci; impossible que je la rate.
Et la découverte
d'un pays riche. Très riche. 600 balles le tacot qui voulait bien nous
emmener de l'aérodrome à la ville ce jour de tempête ou nous avions
quitté Paris au bord de la cassure et au bout d'une nuit à peloter
paire de seins sur paire de seins. Aah ma jeunesse à tout asservie. A
un certain avenir de l'homme surtout mais que je n'avais de cesse de
savourer sur place et tout de suite pour ma part. 600 boules le tacot
et 80 balles les clopes. A l'époque. Mon budget fondait plus vite que
les jours de norvège. J'en étais après quelques heures à appeler les
potes pour trouver des solutions.
Oslo pas vraiment sexy en
période de fêtes. Tout le monde barré à la campagne. Allons-y alors, on
y fonce à cette putain de campagne. Ca coutera moins cher déjà. Et là,
féerie. Moi le métèque ébaubi face aux camaïeux de blanc, prosterné aux
ordres des silences enneigés. Et plus que jamais envouté par Live la
magnifique.
Elle m'initie aux plaisirs du nord, loin des angoisses
et des désespoirs ingmariens. Plutôt ingrid et virevoltes esthétiques
et joyeuses.
J'entre dans des cages sombres boisées et
chauffées, déjà fréquentées ailleurs mais n'importe comment ainsi que
j'allais le constater. Mon truc depuis tout petit étant plus les
hammam, je découvrai vraiment le sauna.
Je
découvrais cette chaleur sèche en même temps que les corps nus de mes
commensaux d'un soir. Des lolos dans tous les coins, des chattes sous
chaque angle et 2 poilus impassibles qui mastiquent du stimorol. Live
qui me prend par la main. Bien.
Heureusement, ma verge splendide.
Face aux autres, ridicules, je fais le fier d'autant plus qu'elle est
légèrement enflée. Le coup de l'émotion.
Passée la frustration de
ne voir se profiler aucune partouze, je découvre peu à peu une
simplicité et un art du sauna. On bavasse. On prend des douchettes. On
boit de la bière. Et on va se jeter nus dans le lac, la plante des
pieds brûlée par la neige. On se masse ensuite. Je fouette Live au vatu
(?), du bois de bouleau censé améliorer la circulation du sang en même
temps que je refuse le sort; j'affirme alors que ma curiosité pose
quelques limites philosophiques et reporte le débat passionné à plus
tard. Il était temps que je la saute, Live.
Cinq ans plus tard
et allongé sur des plaques de bois, je fixe le plafond clair et je
revois ces images. J'essaye de ne rien entendre des débats passionnés
même si les sonorités d'aujourd'hui évoquent plus Marivaux que
Strindberg. Je suis à Paris. Sauna de ma résidence. La rombière parle
de ses découvertes du net et de ses fréquentations des salles de jeux
vrituelles. Elle gagne des sous, beaucoup, et rencontre des jeunes
hommes à qui elle donne son numéro de téléphone. Bien. Peu après, c'est
la blonde. Stagiaire récemment diplômée d'une école bien en vue qui
"rêve" de travailler pour L'Oréal ou Danone. Hum. Sa copine, brune,
plus discrète m'inspire plus déjà. Je la sens pleine d'ironie à
relancer Blondasse avec des questions plus perverses qu'elles n'y
paraissent. Mais passons bordel, c'est du calme et de l'harmonie que je
veux, pas l'écho d'une poissonnerie.
Et puis juste après, j'ai le portugais qui
déboule. Il cause cuisine. Il paraîtrait comme un spécialiste de
la morue.
Et là j'en peux plus.
Je sors en courant et je vais piquer une tête dans un bassin à 28 degrès avant de revenir à la surface avec peine et regrets.
Putain de sauna à la française.