De la misère et du pétrole
Et ce sont les nouvelles qui nous renseignent sur nos agrégats de conscience à la survie.
En formation, tassées les unes aux autres. Pas même le temps de respirer, des nuages entiers déversés de bon matin sur les thés d'oreiller encore chauds, encore fumants.
La voix de ce fier crétin de Paoli, les faces calibrées franchement drôles et joviales au grotesque des animateurs des matinales télévisuelles, les encres noircissantes de quotidiens dont on se demande quels arguments les July et Cololombani oseront encore invoquer pour les maintenir payants (j'irais même jusqu'à suggérer qu'un jour ils nous payent pour les lire, mais je suis peut-être, sûrement, trop en avance sur notre temps), nous disent les nouvelles du monde comme il est supposé aller. Le menton animé de prétention et la révolte jamais où il le faut, la fausse empathie qui pue l'odeur fabriquée des moquettes de rédaction, la satisfaction suintante et sonnante.
Tout va très bien madame la marquise!
Ce matin, les statistiques retrouvent les habits de la réalité en annonçant que le chômage remonte à 9,6% de la population active. Faites le calcul pour savoir combien de millions. On apprend aussi que quelques autres millions sont payés au smic. 2,5 plus précisément nous annonce le ministère du travail. Soit le plus haut niveau depuis 20 ans.
Heureusement l'exemple nous vient des élites bien éclairantes, une fois de plus. Les dirigeants des grosses entreprises ne sont pas des fainéants, c'est bien connu, ils bossent eux. Plus que n'importe qui, tiens. La preuve? Ils touchent 500 fois le smic et ce sont les patrons les mieux payés au monde.
Salauds de pauvres, ils en viendraient presque à nous gacher le plaisir de déverser notre kérosene sur la planète.
99,99% de géneurs pollués pour 0,01 % de possesseurs de jets privés polluants, ça ne peut plus durer.
D'ailleurs ça ne durera plus. Desmarets le très puissant l'a dit, amen. Le patron de total s'inquiète pour sa descendance et le fait savoir juste avant d'aller se faire chier en retraite (c'est bien connu, les très riches s'emmerdent dans l'oisiveté).
A l'occasion de la présentation des résultats d'exploitation record, 12 milliards, le patron s'est fendu pour la première fois d'un commentaire sur l'après-pétrole.
Il a confirmé les chiffres donnés par le Département Américain de l'énergie qui après avoir consolidé toutes les données mondiales disponibles nous annonce qu'il nous reste sur la base du rythme de consommation actuel, à peine 40 années de réserve de pétrole à épuiser. Qu'en 2045 donc, la terre entière constatera qu'une poignée d'imbéciles, beaucoup d'américains ( près de 40%) et quelques européens auront consommé tout le capital d'énergie disponible, auront niqué la couche d'ozone, provoqué des réchauffements dévastateurs, détruit la terre comme jamais et qu'ils ne sont même plus là pour en parler.
Thierry Desmarets annonce aussi le Peak Oil à
l'horizon 2020. et déclare avec l'aplomb extraordinaire de celui qui a
combattu des lions imaginaires toute sa vie qu'il est indispensable de nous organiser ( nous les grands enfants?) pour limiter la croissance de la demande mondiale à 1% par an seulement ( contre 2% actuellement projetés).
Ou quand les patrons des entreprises les plus parasites se muent en moralistes lyristes.
Je vais attendre 2050 avec impatience. Je vais prier
pour être encore là et exaucer un rêve d'enfant: reprendre le rôle de
Blade Runner.
Y'en a qui vont payer cher mes rêves.
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)