Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le dernier Tango à Paris
18 avril 2006

Ali Farka Touré

b00000062h.01.lzzzzzzzSi l'on peut dégager différentes tendances parmi les artistes, j'ai souvent la tentation extrême et intellectuellement paresseuse je l'avoue, de n'en retenir que deux: les médiocres, avatars de la consommation et de la conscience fabriquée et partagée des caisses de supermarchés (delerm, johnny, bruel) et les autres, les quelques-uns qui restent et resteront.
Parmi ceux-ci, il en est un dont la disparition le 7 mars dernier est passée presque inaperçue au moment ou la france déprimée faisait la queue pour aller voir les bronzés. Simple constat, je m'arrête là.
Je n'ai découvert Ali Farka Touré donc, ce repère d'afrique et chantre du bonheur accessible, que tardivement.
Et d'emblée ses notes s'attachaient comme des points de suspension à des endroits brûlants de mes visions d'infini; je l'avais écouté, lu, entendu, bien avant, quelque part dans ces logiques supérieures des rapports de l'homme à la nature, à sa nature.

L'histoire du bonhomme de Niafunké est celle d'un pur. D'un rétif aux sirènes de la world music, d'un sceptique des fausses promesses. Son surnom Farka, courage, ténacité, en dit long sur la volonté de sa musique à s'enraciner dans les terres de son afrique et à exister en dehors des sentiers évidents du succès et de la vanité. Depuis les années 50 et son amitié avec Hampaté Bâ (autre monument, dont une partie des oeuvres est toujours éditée chez Actes Sud) avec qui il parcourait le Mali un magnétophone à la main tentant d'en saisir toute la richesse musicale, jusqu'au premier enregistrement en 1976 à Radio Mali, qui le propulse en haut de la scène.

Quelques dizaines de superbes albums plus tard, son amour du Blues et de Lee Hooker va l'amener à enregistrer un disque d'anthologie avec Ry Cooder que je me repasse encore une fois par semaine et qui va définitivement le révéler au monde.
Et Ali ne change pas. Au contraire, il s'implique toujours plus dans l'essentiel. Il achète 350 hectares de terre près de son village, fait une chiée de mômes, entraîne les jeunes aux joies de la musique en même temps qu'il les initie aux techniques d'irrigation, leur donne du travail. Sur mes papiers, c'est écrit artiste, mais en réalité, je suis cultivateur.
Passez Scorsese, passez producteurs de majors aux valises de pognon, passez imprésari aux arguments enchanteurs...
Et la musique ne le quitte pas pour autant. Le nouveau maire du village accouche en 2005 d'un nouveau chef d'oeuvre en duo avec Toumani Diabaté qu'il enregistre dans la simplicité la plus désarmante en 2 séances de 3 heures: In the heart of the moon sera son dernier album. Dépouillé et débarassé de tout, il complète le silence et revient à l'origine, toujours.

Ali Farka Touré sera ce soir sur France Musiques à 22h00.
Et si j'ai le temps je mettrai demain un extrait de Talking Timbuktu à votre disposition. Que vous pouvez aller acheter les yeux fermés.

Publicité
Commentaires
C
Surtout que "Farka" ca veut dire..âne!<br /> (Coucou toi! Ca me fait grand grand plaisir de te voir ici)
L
ET bien tu vois, j'avais appelé mon chien Farka... c'est te dire si je l'appréciais....<br /> Mais depuis Ali nous a quitté... et je n'ai plus de chien.....<br /> Quelle vie.....
P
si on aime le jazz et la fusion, oui.<br /> je ne te fais pas tout un commentaire à ce sujet, je ne suis pas critique. C'est juste que je les ai acheté ensemble, s'il m'en souvient bien. Et que je les ai vu dans des endroits adéquats et minuscules pour ce genre de free transe. peace.
C
Non.<br /> C'est bien?
P
je l'ai depuis des années et en suis bien content...<br /> vous connaissez "aka moon" ?
Archives
Publicité
Publicité