A pas voté
Levé avec les poules et rasé de près, c'est ce matin que je me suis rendu d'un pas énergique à la mairie de mon arrondissement. Pochette rouge avec dossier complet à la main, j'aurais dû m'acquitter de mon devoir avec toute l'efficacité de l'homme moderne; passer au guichet en 3 temps 2 mouvements et ressortir plus léger de ce bureau, ma carte d'électeur en main, ça ne mériterait pas même une demi-ligne sur un blog.
Que nenni. Une queue de 50 minutes, des têtes de jeunes chômeurs habillés cool et abrutis sous le son de leurs écouteurs, des vieux et des vieilles affairés à lire journaux et romans façon Marc Lévy empruntés à la bilbiothèque, des mères et des poussettes, deux ou trois gotons déjà aperçues au tabac, tous correctement alignés sur une ligne interminable.
Ce n'est non pas la colorée et anarchique attente des pays sous-dev, cris d'enfants, bruits de chute, claques qui volent et pleurs qui s'en suivent, le tout en mâchant son maïs et attendant que le préposé aux formalités revienne de sa neuvième pause café de la matinée, mais une attente bien civilisée. C'est à dire lugubre, européenne et fatiguée, grise ardoise et lourde, tellement lourde.
L'agent finit de me décourager. C'est tous les jours de la semaine comme ça depuis le 1er décembre, nous sommes impuissants. Tout le monde se réveille maintenant.
Mais oui, Monsieur l'agent, tout le monde ne se réveille pas 365 jours par an en pensant aller faire une promenade à la mairie, comme ça, pour le plaisir.
Je ferai bien une ultime tentative le 26 décembre au matin mais je crois bien que c'est foutu. Je ne voterai pas en 2007, ni aux législatives ni aux présidentielles: En ne jetant pas ma décision dans une urne et en ne me dégageant pas aussitôt de mes devoirs de citoyen en estimant ceux-ci résolus, je vais, moi, être responsable pendant 5 ans, jour après jour, minute après minute, de tout ce qui va se décider. 1/50 millionième de responsabilité c'est pas grand chose, me direz-vous. Certes.
Et puis je vais arrêter de me justifier.
La vérité c'est que les trois possibles invités du second tour me désespèrent.